Rantanplan chez les Dah'tons

/* Le couple lunaire est déjà haut dans le ciel étoilé lorsqu’un khanshek s’approche de l’enceinte du camp de roulottes.
Quelques minutes plus tôt, il remontait la route vers Keldun avec deux compagnons, il les a salués d’un signe de la main avant de les laisser rentrer dans la cité.
A mesure que le khanshek approche du camp, il ralentit son pas puis fini par s’arrêter, comme si une force invisible l’avait freiné et le maintenait cloué à bonne distance.
Les vêtements humides et salis par une longue journée de labeur dans le défilé, Aslam piétine sur place et frotte ses mains entre elles. C’est d’une voix tremblotante et embuée qu’il annonce sa présence */

Oh Dah ! ...Y a... quelqu’un?

/* Le khanshek fronce les sourcils en tentant de deviner laquelle des jumelles lui a répondu, si il a bien reconnu une silhouette familière, l’exposition à la lumière du feu n’est pas suffisante pour qu’il puisse identifier à coup sur.
La fuite de la boule de poil vers une roulotte ne l'aidant en rien, Aslam se contente d’une réponse toute laconique mais néanmoins suffisante */

Aslam !

/*N'obtenant pas plus de réaction et à force d’attendre dans le froid et des vêtements humides de sueur, une envie toute naturelle force le charpentier à tourner le dos au camp Dah pour se soulager la vessie.
Un nuage de vapeur ne tarde pas à se former autour de lui. Le khanshek termine en toute décontraction selon les rites en vigueurs avant de faire à nouveau face au camp et de laisser échapper un soupir. */

Tandis qu'Aslam ramasse le matériel (à conserver après usage, surtout ne pas jeter l'embout, ca peut toujours servir), une deuxième silhouette absolument identique à la première fait son apparition. Elle s'approche d'un pas allègre, donne un baiser sonore à son double et note alors la présence du ton à la limite du camp.
Elle fronce les sourcils et, serrant son châle de laine épaisse autour de ses épaules, elle s'éloigne du feu pour s'en approcher. Un vague coup d'oeil interrogatif à sa mère qui semble lui hurler dessus du genre "c'est qui ca ? keskiveux ?" avant de juger qu'il serait sans doute plus utile qu'elle pose elle-même la question.
Non loin, les cerbères noctambules Dah semblaient très occupé dans une conversation d'une importance capitale si l'on en juge par le peu d'intérêt que suscite la présence du ton dans l'environnement immédiat du clan.
La jeune kanshek accroche alors un sourire avenant sur son joli minois et dit d'une voix douce tandis qu'elle se tient à quelques pas de l'homme

- Oh.. mais c'm'sieur Aslam ! Qu'est-vous v'nez faire là à cette heure ? c'est pas prudent v'savez ! vous devriez pas trainer dans le coin si tard. Tagha il aime pas trop ca, et un peu plus vous tombiez sur Al'kaï et lui c'est pas vraiment un grand comique. On peut vous aider peut-être ?

Edit : posté en même temps que Dali. J'Edite

/* Le khanshek avise le dragon en piqué d’un regard étonné et teinté d’une innocence non feinte, sans paraître effrayé de quoi que ce soit ni perturbé par les dernières volutes de vapeurs l’environnant, il salue Dali d’un signe de tête */

Bonsoir madame Dali...euh désolé mais ça fait un bout de temps que j’attends là dans le froid.

/*Détournant son regard vers Adah en lui souriant brièvement */

Bonsoir Adah…
/*Jetant un coup d’œil sur la silhouette jumelle restée près du feu */

Je suis là pour le boulot… c’était donc Dena à qui je me suis annoncé… je pensais qu’elle m’avait entendu… mais bon bref…

/* Revenant au duo Dali /Adah et désignant les roulottes d’un signe du menton*/

Je voulais voir vos roulottes de plus près, rapport à la route qu’on nous a chargés de remettre en état.. mais bon je veux pas déranger, je sais que vous aimez pas voir des tons autour de votre camp

/* Le charpentier laisse passer l’orage sans sourciller. Regardant la mégère, Aslam affiche l’expression placide d’un âne méditant devant un fil de fer barbelé. Il pousse un soupir à la fin des vocalises de la diva */

Bon ben excusez quoi… j’ai pas l’habitude de laisser une porte close sur un visiteur et pis je suis pas à l’intérieur de votre camp non plus hein…

/* Détournant les yeux vers les roulottes */

C’est pas la peur de pas les faire avancer qui m’amènes ici… mais tant qu’à réparer la route, autant le faire bien non?
Bref, je voudrais prendre leur largeur pour faire des espaces de dégagement. La route est étroite dans le défilé, on peut pas croiser comme on veut ni où on veut…
Les charrettes, les petits trucs ça va…mais des véhicules de cette taille ça croisera pas…

/*Revenant sur Dali et Adah et faisant une petite moue */

Vous voyez quoi ?

/*Le khanshek transi de froid fixe les deux femmes immobiles et muettes comme des statues d’un air étonné et effrayé à la fois.
Se peut–il que ses derniers mots aient eu le pouvoir de les pétrifier ?
Se peut-il qu’il ait incanté une formule le rendant invisible aux yeux des mortels ?
Se peut-il qu’une faille spatio-temporelle l’ait propulsé dans une autre dimension ?
Se peut-il que le temps se soit figé ?
Se peut-il qu’il cauchemarde et qu’il se réveillera bientôt dans sa couche douillette ?

Toute ses questions traversent l’esprit d’Aslam à grande vitesse. Il se pince pour vérifier son état d’éveil…la douleur… oh oui, il est vivant…un gargouillis stomacal caractéristique le lui confirme… il est vivant…et il a faim…

Son instinct reprend le dessus…la faim, le froid, la fatigue... Emergency! Gyrophare rouge!…
Sa volonté de bien faire vole en éclat, le motif de sa visite est oublié… court-circuit neuneuronnal irréversible, tilt… L’œil hagard, le visage marqué par une apathie soudaine, le charpentier se retourne et s’éloigne à pas pesants vers la cité…

Affaissant les épaules et traînant les pieds, Aslam réalise que pour la première fois de sa vie, sa réserve de patience est épuisée, à sec, vidée de toute substance */

/* Le charpentier tourne un instant la tête vers les statues, le regard vide de toute émotion.
Les sons d’une voix jeune et agréable parviennent à ses oreilles, les sons forment des mots mais pourtant le cerveau du khanshek n’arrive pas à leur donner un sens.
Il a beau essayer de les retenir et les ordonner, les mots glissent et lui échappent en vain telle une eau claire filant entre les doigts d’une main.
Aslam sourit mécaniquement, un réflexe probablement, un vestige de conscience.
Le froid, la fatigue et la faim…une hallucination… ses mots ne sont qu’une hallucination, c’est pour ça qu’il n’arrive pas à les ordonner, à les comprendre.
Une grotte, des vapeurs, de la végétation, une bâtisse en bois… il les voient, il peut presque les toucher, les sentir… c’est là qu’il veut aller…c’est là qu’il aurait du aller… il devrait déjà y être.
Incapable d’autre chose, il fixe cette image dans son esprit et ordonne à ses jambes de l’y mener.
Le khanshek poursuit sa progression vers la cité au même rythme lent et pesant */