Après Castor et Polux, Wallace et Gromit... Adah et Virgile

Alors que sa voix est couverte par celle de son frangin, elle se retourne vers lui le fusillant à son tour. D'autant plus qu'il semble l'ignorer royalement. Décidément c'est pas sa soirée.

Tu t'imagines peut être que ça m'amuse moi !

Répond elle malgré tout avant de regarder le couple.

Arrête d'me prendre pour une bille, Adah ! J'vous ai bien vu avec l'aut' ton ! S't'as quek'chose à dire, sort le maintenant au lieu d'faire ta mijoré !

Le vent frais du rugissement de Tagha à ruiné son brushing. Et accessoirement, si elle avait trouvé assez de cran pour pas se démonter à la première salve, elle a visiblement tout usé car elle en manque cruellement pour la seconde. D'un voix bredouillante elle ajoute à sa mère

- Mais... j'ai demandé à parler au Dah'ron pourtant...

Les poumons de la jeune femmes se dégonflent à la vitesse à laquelle il s'étaient remplis

- Maaaaaaann..Son ton se fait suppliant, faut que tu m'aides. Faut que je lui dise où je travaille. Je veux pas arrêter

Adah commence a se tortiller les doigts puis ajoute d'une voix à peine audible

- Et Virgile il sait peut-être des choses sur Vlokhor, m'man. Steuplééééééé

Il est évident que les propos de la jeune fille auront surement échappé a son oncle compte tenu de la distance. Mais il y a une chose que Dali ne peut nier, c'est qu'Adah manque suffisamment d'esprit pour dissimuler quoi que ce soit ou mentir effrontément. Sauf s'il s'agit de la famille il va sans dire

Voyant la déconfiture d'Adah et la tournure piquante que prennent les choses, Virgile décide de se manifester enfin. Il fait une révérence appliquée à Dali Dah et s'adresse à elle d'une voix calme et assurée.

"Dame Dali, nous nous sommes déjà croisé à la taverne, je suis Virgile, ménestrel et gérant du Marknad. Je suis venu vous voir pour deux raisons capitales, il ne me serait jamais venu à l'idée de venir troubler votre famille par une visite inutile et sans objet. Tout d'abord, en tant qu'employeur d'Adah, je souhaitais venir la soutenir dans sa volonté d'assumer un légitime désir de travailler pour la ville. Ensuite... ce sont les femmes du clan Dah que je viens voir dans leur ensemble, afin de leur soumettre un problème épineux qui me concerne intimement. J'ai tout lieu de croire qu'il est possible qu'un mal qui m'afflige soit lié au dieu Vlokhor... Je ne connais personne d'autre à Keldun à qui m'adresser dans ces circonstances... Je sollicite donc humblement un entretien afin que vous soyez à même de juger si l'affaire vous intéresse ou pas."

Dali hausse les épaules devant les supplications de sa fille, se demandant quelle idée a encore pu germer dans son esprit. A la mention de Vlokhor et des connaissances que pourrait en avoir Virgile, son visage exprime subitement le mépris le plus complet.

Bah voyons, ma pauvre fille faudra qu'un jour tu arrêtes de croire tout s'qu'on te raconte....

Elle s'apprêtait à poursuivre ses invectives lorsque le ton accompagnant sa fille lui adresse la parole.

C'quoi c't'histoire de servir la cité ? Vous seriez pas en train d'embrouiller l'esprit d'ma fille ?

Mais le ton poursuit et se met lui aussi parler de Vlokhor, elle relève la tête et l'observe d'un air hautain.

Ah ! Si Vlokhor est responsable de c'qui vous arrive c'est qu'il doit avoir une bonne raison. Il a toujours une bonne raison t'façon. Alors j'vois pas pourquoi j'm'opposerais à lui en vous aidant

Virgile regarde Dali dans les yeux et réponds posément.

"Je ne vous demande pas de m'aider à guérir d'une quelconque malédiction. Je souhaiterai juste savoir si ce qui m'arrive est lié ou non à Vlokhor. Quant à servir la cité, il me semble que Tagha Dah en personne en montre un bel exemple en siégeant avec dignité au conseil de Keldun."

Assistant à l'accès d'humeur de Tagha, Virgile parait y réagir de façon épidermique. Une rougeur intense lui monte au visage tandis que ses poings se serrent à en faire craquer les phalanges. Il tremble de fureur et semble sur le point d'exploser... Finalement, c'est ce qui se produit.
Le regard noir, il s'approche de Tagha en trois grandes enjambées. De sa voix la plus caverneuse, il s'adresse au chef du clan d'un ton tranchant.

"C'est quoi votre problème ? Vous croyez que vous allez indéfiniment cracher sur les règles élémentaires de l'hospitalité ? Qui vous a jamais traité de la sorte à Keldun ? Vous avez décidé dans votre caboche de yack qu'il fallait me traiter comme une merde de sniffik ? Et pour quelle raison ? Chez moi, vous auriez été reçu avec déférence et respect ! Je suis venu en ami du clan Dah, même si ça vous brûle les oreilles de l'entendre !
Je n'ai rien à perdre, plus rien, c'est en désespoir de cause que je suis venu ici, et Adah n'a pas à payer pour sa bienveillance ! Je ne partirai pas tant que vous ne m'aurez pas écouté, et si vous voulez me botter le train jusqu'aux portes de la ville, essayez, je me défendrai. Que tous les Dah réunis me jettent pierres, crottin ou couteaux, qu'ils m'agonisent d'injures et me battent à mort, je me défendrai. Mon père m'a enseigné la fierté d'être un khanshek, et mon maître la fierté d'être ménestrel ! Dussé-je ramper dans la boue, je ne partirai d'ici que mort ou après vous avoir exposé ce que je suis venu dire ! Ne jouez pas au plus fou avec un disciple de Caracole, je finirai peut-être en miettes mais je gagnerai !"

Non loin de là, adossé à une roulotte, sieur Ju mangeait une pomme. Vous voyez : la pose genre adossé, bras semi croisés (n'oublions pas la pomme), tête penchée et chevelure masquant partiellement son visage. Depuis un moment, il semble écouter la conversation plutôt houleuse entre Virgile, sa partisante et les autres Dahs. Achevant son fruit à coup d'émail blanc, l'artiste soupire puis quitte son soutient, s'approchant les mains dans les poches. Sa mine est quelque peu déçue, mais irrémédiablement rieuse.

P'tain Virgile, vous abusez là, on avait parlé d'excuses ! On en à rien à faire d'vot' fierté. Il s'arrête au niveau des autres, s'incrustant comme si de rien n'était à cette joyeuse sauterie. Son ton n'est d'ailleurs pas néervé, ni désespéré, le moins du monde. Sérieusement, faudra r'voir tes cours d'diplomatie, si tu veux parler, en territoire "ennemi", faut v'nir avec un drapeau blanc et désarmé... et pas avec tout un arsenal de fierté mal placée. Et j'dis pas ça pour t'rabaisser.
Ju se permet un sourire, avant de se tourner vers Tagha.
Et frangin, ça t'coute rien d'l'écouter. Si tu l'laisse déblatérer un peu, y's'cassera de lui même. Ca évit'ra d'avoir à l'faire partir, avec tout c'que ça implique.

Probablement le seul ici présent à être de bonne humeur, l'artiste ponctue sa phrase d'un large sourire. Il jette un regard à Adah, à qui il fait un rapide clin d'oeil, avant d'attendre les réactions de chacun.

Se tournant vers Ju, Virgile lui réponds en desserrant les poings.

"En territoire ennemi ? Vous considérez être en guerre contre moi ou quoi ? De toute façon, la diplomatie c'est pas plus mon fort que la politique. Quant à des excuses, il est certain que je vous en dois pour m'être ainsi laissé emporté."

Le ménestrel refait alors face à Tagha, et, sans hésitation aucune, pose un genou au sol, faisant fi de la crotte de yack (ou de Ouah ?) qui macule son pantalon. C'est clairement et distinctement qu'il parle en direction de l'oncle assis sur son tabouret.

"Tagha Dah, je reconnais que ma conduite à été plus que disgracieuse à votre égard. Je me suis permis de provoquer le maître de céans en bafouant toutes les règles élémentaires de politesse.
En clair, Tagha, je sais que je viens de te chier dans les bottes, et c'était loin d'être mon intention de départ. Je me demande si un jour il arrivera que nous puissions parler sans haine autour d'une bonne bouteille, mais je ne désespère pas. En tout cas la haine n'est que de ton côté.
Je te demande pardon pour avoir agi aussi stupidement chez toi, mais je ne prétends pas être plus malin qu'un autre.
La preuve : l'objectif de ma venue reste capital à mes yeux et je n'abandonnerai pas. Si tu veux te défouler sur moi, ne te gêne pas. Mon approche n'a encore une fois pas été la bonne, mais je suis prêt à en payer le prix."

La voix du Dah'Ron se fait entendre alors, mais elle semble diriger pile au-dessus de la tête du ton genou en terre, en direction du frangin.

C'bon là, l'a assez déblatéré, il peut fout' le camp maint'nant, nan ?

Le Dah n'a pas quitté le feu des yeux, mais si ce ton avait la présence d'esprit de regarder ses mains sur ses cuisses il verrait cet étrange blanchissement des articulations des doigts. Généralement ce sont des signes précurseur à un énervement certain...

Et contre toute attente, enfin il daigne poser le regard sur ce ton comédien. Houla, si ça c'est pas un mélange de haine et de mépris dans son regard, je sais pas ce que c'est...

Je vais faire un effort pour bien articuler ce que je vais te dire, histoire que tu entendes et comprennes bien les mots qui vont sortir de ma bouche le ton.

C'est vrai qu'il arrive à avoir un diction proprette et distinguée quand il le veut le Dah...

Je-ne-veux-pas-de-toi-chez-moi. Y-a ri-en-de-plus-à-dis-cu-ter, tu-DE-GA-GES !!!

Pas un postillon, même quand il jette le dernier mot comme on jetterait un direct en pleine face. Pour accompagner la haine dans le regard, une petite lueur un peu follette qui ondule n'importe comment. Ah oui, ça n'augure pas de quelque chose de très ordonné après cet ultime mot.

HJ : 'scusez pour les "edit" mais j'me fais gronder sur le chan pour mes difficultés avec les conjugaisons...

Ménestrel ?

Articula lentement le troisième tonton (Et si et si, quand y'en a plus y'en a encore !) comme s'il tentait de mâcher un steack cuisiné par Comi.

Faudra foutre Dieu qu'on finisse par m'expliquer cette étrange manie qu'ont les femmes de s'enticher de tarlouses ces dernières années...

En secouant la tête avec toute l'incompréhension du monde, vaincu par les inexplicables recoins des âmes féminines. Cependant, et bien que son attitude laissa à penser qu'il n'existait non plus avec lui guère de reddition possible, il considérait le nouveau d'un œil curieux.
En quelques pas, il vient se placer derrière son chef, et lui posa une main sur l'épaule comme pour, consciemment ou pas, faire baisser la pression de sa cocotte minute et le ramener sans brusquerie aux réalités terrestres.

Laisse-le user sa verve à ton oreille inattentive Tagha, il n'en partira que plus vite, et puis ce n'est jamais bien pire que les pleurnicheries d'Adah pour les jours à venir si tu n'y consens pas...